L’Agence Régionale de Santé a prononcé ce lundi 9 octobre la mise sous « administration provisoire » de l’Hôpital de Nevers, et cela pour une durée de 6 mois.
Cette mise sous tutelle n’est pas une surprise. Elle est le résultat des nombreuses alertes qui se sont accélérées ces derniers mois.
En juin dernier, des centaines de personnels de l’hôpital s’étaient retrouvés dans le hall pour manifester leur incompréhension face à des fermetures de services et ainsi « la mort programmée » de l’hôpital de Nevers.
En juillet, 26 médecins de l’hôpital décidaient de s’exprimer par voie de presse avec des mots forts, dénonçant des dysfonctionnements graves, des intérêts personnels, des menaces, et les pleins pouvoirs laissés à des médecins d’abord motivés par l’argent. Le manque général de moyens humains et financiers dans l’hôpital public est donc aggravé, plus particulièrement à Nevers, par des fonctionnements internes contestables au point que des enquêtes ont été diligentées.
Et le mois dernier, de nombreux dysfonctionnements « susceptibles de mettre en cause la sécurité des patients » ont été relevés par la Haute Autorité de Santé (HAS). Il suffit de voir l’état du service des urgences au cours de la période estivale, durant laquelle des patients ont dû attendre dans des conditions indignes et dangereuses avant de pouvoir être pris en charge, pour comprendre l’aggravation brutale de la situation.
Nous nous étonnons d’ailleurs du silence de Denis THURIOT, Président du Conseil de Surveillance de l’Hôpital, interrogé par les élus communistes lors du dernier Conseil d’Agglomération. Il est de sa responsabilité d’informer les élus qui ne peuvent pas se contenter d’apprendre les épisodes successifs par voie de presse. Au lieu de cela, M. THURIOT dénonce « un panier de crabes » (expression surprenante) et annonce qu’il s’exprimera « prochainement ». Ce n’est pas l’attitude que l’on attend du Président du Conseil de Surveillance du CHAN, par ailleurs Président des élus du Groupement Hospitalier de Territoire.
A l’appel de l’ARS, 3 administrateurs vont donc devoir prendre en main l’hôpital pour pallier les dysfonctionnements rencontrés ; un défi à relever quand nous connaissons le contexte, notamment à l’Assemblée Nationale, où le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) prévoit à nouveau une réduction des dépenses de santé de
3,5 milliards et une saignée pour l’hôpital public alors qu’il faudrait au contraire redonner de l’air financièrement aux hôpitaux comme celui à de Nevers.
Il est d’ailleurs surréaliste de voir les deux députés de la Nièvre, Patrice PERROT (Renaissance) et Perrine GOULET (Modem), s’exprimer brutalement aujourd’hui dans la presse pour affirmer que « des têtes doivent tomber » : comme s’ils n’avaient aucune responsabilité dans cette situation, en tant que députés du département depuis 2017 et députés de la majorité présidentielle d’autant qu’ils vont encore voter dans quelques semaines un Budget de la Sécurité Sociale encore amputé de 3,5 milliards d’€ dans les dépenses de santé !
Pour leur part, avec constance et cohérence, les militant.e.s du PCF et les élu·e·s communistes nivernais·e·s ont toujours répondu présent·e·s pour défendre le maintien d’un fonctionnement correct de l’hôpital. En défendant le maintien du Centre 15 de Nevers, transféré à Dijon en 2018 avec la bénédiction de D. THURIOT. En participant fidèlement aux côtés des personnels à toutes les manifestations pour nos maternités, nos hôpitaux de proximité de Cosne, Clamecy, Decize, Château-Chinon, pour nos services d’Urgence, pour le droit à l’IVG, pour la création de Centres Publics de Santé… En engageant une grande campagne pour le « droit des Nivernais à la Santé ». En soutenant toutes les mobilisations dans ce sens, parmi lesquelles la dernière pétition départementale lancée par l’UD-CGT et qui a recueilli 6450 signatures nivernaises, remises à l’ARS le 26 septembre assortie de nombreux témoignages.
A cette heure, nous pensons aux personnels soignant et administratif de l’hôpital, qui souffrent de cette situation depuis trop longtemps, et qui font tout ce qu’ils peuvent avec dévouement pour répondre aux besoins de santé des Nivernaises et des Nivernais. Ils et elles méritent toujours nos applaudissements !
Nous pensons aux patients Nivernais, inquiets de ne pouvoir être soignés dans des conditions optimales et dont la confiance envers l’Hôpital Public est parfois entamée. Nous devons protéger ensemble (et nous devrons parfois reconstruire) notre système de santé public : un système unique au monde et que le monde entier nous enviait, héritage du combat d’Ambroise Croizat que les communistes sont décidés à poursuivre aujourd’hui.
Dans l’immédiat, la Fédération du PCF de la Nièvre souhaite que cette mise sous tutelle remette l’hôpital de Nevers « sur les rails », tant pour les conditions de travail des personnels que pour la réponse aux besoins de santé de la population. Et nous appelons la population à s’en mêler : c’est ainsi que, pour notre part, nous concevons la « démocratie sanitaire » dont l’Agence Régionale de Santé parle à toutes les lignes !