Discours de Jimmy Derouault, Secrétaire Départemental de la Fédération de la Nièvre du PCF
Mesdames, Messieurs,
Cher·e·s ami·e·s et cher·ère·s camarades,
À nouveau le monde tremble, à nouveau la guerre et son cortège de barbarie fracture et décime les peuples. La mort frappe partout dans le monde, massivement et en premier lieu les civils : des femmes, des enfants, des bébés, des gens hospitalisés, sans défense. L’humanité est souillée par cette sauvagerie. Ces victimes du terrorisme, de crimes de guerre, c’est à elles et à eux que je veux rendre hommage. Alors nous disons non à la haine, non à l’intolérance, oui à la Paix , oui à la Fraternité. Cette histoire c’est aussi celle de Louis Fouchère, cheminot, ouvrier métallurgiste. C’est parce qu’il s’est opposé à l’ignominie nazie, c’est parce qu’il a protégé les siens, parce qu’il était épris d’un idéal de paix, de justice et de liberté, c’est parce qu’il luttait pour les travailleurs -il a ainsi rédigé, imprimé, distribué des tracts à destination de la population nivernaise mais aussi en s’adressant aux soldats allemands pour dénoncer la politique de conquêtes d’Hitler au profit des grands trusts- qu’il fut arrêté le 27 septembre 1941.
Et c’est bien parce qu’il était dirigeant du Parti Communiste devenu clandestin, chargé notamment de la diffusion de l’Émancipateur, l’ancêtre des Nouvelles de la Nièvre que nous avons l’honneur de continuer à publier, qu’il fut exécuté le 12 janvier 1942 par l’occupant comme otage suite à la mort d’un officier allemand abattu à Dijon par la Résistance. Les nazis cherchaient à annihiler toute contestation, toute résistance. En s’en prenant à Louis, ce fut le résultat contraire qui advint. Le monde du travail, les ouvriers dont il était un représentant puisque secrétaire de la CGT des ateliers de Varennes-Vauzelles, ont perpétué son engagement, ont continué son combat, beaucoup ont eu la même fin que Louis et n’ont pas vu la Libération, eux aussi nous ne les oublions pas.
Comme Camille Baynac, comme Roland Champenier, eux aussi responsables communistes que nous associons tous deux à cet hommage, Louis Fouchère n’avait aucune vocation à devenir un héros. C’était un ouvrier épris de justice sociale, et conscient du rôle que tout un chacun doit jouer aux côtés de ses semblables, et dans l’avenir d’une société à construire en commun.
S’il était considéré comme un « homme dangereux », c’est justement parce qu’il était vecteur d’idées subversives aux antipodes de celles de l’extrême-droite et du gouvernement de Vichy.
Cette France de Pétain qui disait « Plutôt Hitler que le Front Populaire » n’avait jamais accepté 36, les congés payés, la semaine de 40 heures, les luttes pour la justice sociale. Elle trouvait là l’occasion de se venger à bon compte. Dès 39 la chasse aux communistes et aux syndicalistes a commencé et s’est accélérée. Ouvriers, intellectuels, paysans, élus ou non, ils ont payé un lourd tribut pour leur engagement pour une société plus juste et plus fraternelle.
« Camarades qui restez, soyez courageux et confiants dans l’avenir, soyez dignes de nous les 27 qui allons mourir » a écrit Guy Moquet. Se montrer dignes de cet héritage, c’est contribuer à le défendre, à le faire vivre partout où il se trouve menacé, c’est mettre l’humain au cœur de tous nos choix. C’est continuer de défendre la Paix, encore la Paix, toujours la Paix. Se montrer dignes c’est continuer de défendre avec fierté un monde du travail aujourd’hui si malmené.
Tant d’années après la seconde guerre mondiale, cette cérémonie demeure toujours d’une cruelle actualité. À l’heure où les fanatismes, les extrémismes, la barbarie s’en prennent encore aveuglément à des civils, il est important de perpétuer les combats jamais terminés contre toutes les idéologies de la haine, de la xénophobie, et de la violence.
C’est ce qui doit nous animer après le drame, l’acte barbare, commis sur notre sol, dans une école de la République, à Arras. Un enseignant est mort, Dominique Bernard, en tentant de protéger des élèves, des enfants de la République. 3 ans après le meurtre de Samuel Paty, la folie islamiste a encore frappé. Et on ne peut pas tolérer non plus les inscriptions antisémites trouvées la semaine dernière près d’ici.
La guerre en Ukraine, la volonté d’anéantissement du peuple arménien, du peuple kurde, la folie en Israël et en Palestine sont autant d’exemples de la barbarie et de l’obscurantisme toujours à l’œuvre. Rassembler toutes celles et tous ceux qui partagent, comme nous, la volonté d’un monde libéré de toute forme de domination et respectueux des peuples et de leur indépendance est donc toujours notre devoir. La répression, l’interdiction, la criminalisation, la pénalisation du militantisme, du syndicalisme ne nous arrêteront pas. Si Louis Fouchère, Roland Champenier, Camille Baynac, Lucienne Michaud, Léon Bernadat, René Chatout et d’autres ont réussi dans des temps autrement plus difficiles à diffuser leur idéal, pour la fraternité et la solidarité entre les peuples. Nous ne pouvons pas céder.
Comme nous ne pouvons pas envisager sans ne rien faire que l’extrême-droite soit aujourd’hui aux portes du pouvoir, ou accepter qu’elle participe à des solutions majoritaires, dans 6 des 27 pays de l’Union Européenne. Comme nous ne pouvons nous satisfaire que l’Europe abandonne une partie de sa souveraineté, qu’elle délègue à l’OTAN et aux politiques guerrières de Washington. Dans l’indifférence quasi générale, c’est toute l’Europe qui se réarme et bascule visiblement et insensiblement vers une logique de guerre plutôt qu’une logique de Paix.
Et pendant ce temps là on oublie que des femmes, des hommes, des enfants se jettent à la mer sur des embarcations de fortune, traversent des montagnes en plein hiver pour fuir la guerre, la misère, la faim, pour vivre tout simplement. Mais il y en a qui ne l’oublient pas et nous pouvons remercier celles et ceux qui offrent de leur temps, de leur fortune, de leur cœur pour leur venir en aide. Mais attention, il y en a aussi qui préparent encore des lois, des règlements plus répressifs, plus inhumains, pour repousser, pour rejeter l’autre, pour fermer la porte en utilisant toujours le même postulat, celui du « bouc émissaire ».
Au lieu de cela nous avons besoin de porter de grandes ambitions sociales à rebours du carcan néolibéral, nous devons réussir à parler aux classes populaires en évitant les pièges du discours facile et populiste, nous ne pouvons pas laisser l’extrême-droite progresser sur la désespérance et le ressentiment mais au contraire donner un espoir et une issue comme l’ont fait les membres du Conseil National de la Résistance. Face aux défis climatique, énergétique ou alimentaire, faisons d’autres choix que ceux du modèle libéral dans lequel nous enferment les traités européens. La vie des gens n’est pas qu’une affaire de techniciens, d’experts, d’avocats, de lobbyistes motivés par leurs seuls tableurs excel. Reprenons la main sur notre destin.
C’est ce que des millions de Français et de Françaises ont fait au début de l’année en se battant pour défendre leur droit à partir à la Retraite à un âge qui leur permette d’en profiter pleinement. Nos gouvernants ont décidé qu’ils avaient raison contre le peuple. C’est une grave erreur qui a pour conséquence, malgré l’écoute bienveillante et l’avancée de nos propositions, le renvoi de nombre de nos concitoyens vers des partis se déclarant anti-système et anti-élite. Ces partis qui leur font miroiter une vie meilleure à coup de promesses populistes et xénophobes, sont, lorsqu’ils arrivent au pouvoir, synonymes de mesures liberticides et inhumaines, sur fond de glorification de l’autorité et de repli identitaire.
Le combat est difficile. Le rapport de forces est inégal. Ce que nous voyons dans le monde n’a rien de très stimulant. Mais nos camarades résistants nous ont montré la voie.
Vous pouvez compter sur les communistes, aujourd’hui comme hier, pour rester debout et suivre le chemin.